La communication est l’ensemble de nos interactions avec autrui, que ce soit dans notre sphère privée comme professionnelle.
Différentes modalités sont classiquement associées à la communication interpersonnelle : la communication verbale (les mots utilisés), paraverbale (le ton, l’intonation, la prosodie, le rythme de l’énoncé) et la communication non-verbale par le langage corporel sans avoir recours à la parole.
C’est un ingrédient permanent au cœur de nos dynamiques relationnelles. En effet, « L’absence totale de communication » est impossible (Watzlawick, P. 1979). Même en pensant ne rien faire, ne rien dire, nos comportements comme nos silences ont une valeur de message.
Derrière ce mot simple du vocabulaire courant, « communication », il s’agit en réalité d’un univers plutôt complexe qui doit mériter toute notre attention au regard des impacts potentiels sur le bien-être et l’efficacité professionnelle.
Parmi les nombreuses techniques de communication qui ont pu être développées, nous avons choisi de consacrer cet article a l’une d’entre-elles que nous trouvons particulièrement performante au regard des enjeux précités :la communication dite « non violente ».
La communication « non violente » : de quoi s’agit-il ?
La communication « non violente » est une méthode qui s’appuie sur le respect des autres et de soi. Les moteurs de la communication « non violente » sont la bienveillance et l’empathie. C’est Gandhi qui fut le premier à théoriser ce concept, avec comme premier objectif de communiquer sans violence et avec authenticité.
« La non-violence ne se réalise pas mécaniquement. Elle est la plus haute qualité du cœur et elle s’acquiert par la pratique. » Gandhi
Elle est par la suite développée dans les années 60 par Marshall Rosenberg. C’est une démarche de communication positive qui vise à faciliter des relations fondées sur une coopération harmonieuse. Elle est également recommandée dans la gestion des situations conflictuelles.
Au cours de nos interactions il arrive que nous ne parvenions pas à nous faire comprendre ou à comprendre l’autre, ce qui peut mener à ressentir des émotions désagréables, voire à générer des conflits interpersonnels. De plus, porter un jugement sur ce qui nous entoure fait partie de nos habitudes comme le souligne Thomas d’Ansembourg dans son ouvrage « Cessez d’être gentil, soyez vrai ! ». Bien qu’émettre un jugement participe à un processus normal d’appréhension de notre environnement, il est possible d’apprendre à agir sur ce dernier afin qu’il ne constitue pas une rupture dans notre manière de communiquer. La communication « non violente » offre des solutions intéressantes pour établir et préserver une bonne communication au sein de nos interactions, en évitant le piège du jugement automatique, et représente aussi un moyen de mieux s’écouter et mieux se connaître soi-même
Une méthode « non violente » en 4 temps clés
Communiquer selon la méthode de communication « non violente » a pour objectif d’améliorer la qualité des relations et de contribuer au bien-être de chacun.
Pour rappel de ce que nous avons écrit dans la partie précédente : la bienveillance et l’empathie en sont les moteurs.
Un aspect central de la communication « non violente » est de prendre conscience que nos sentiments potentiellement désagréables ne résultent pas directement du comportement de l’autre mais uniquement de ce que nous en pensons. D’une part, la communication « non violente » est une aide pour partager avec l’autre ce que nous ressentons avec précision, sans formuler ni jugement ni critique envers qui que ce soit. D’autre part, elle est une manière de recevoir avec empathie et selon le même principe ce que l’autre nous transmet, avec comme objectif de contribuer à ce que chacun se sente respecté dans ce qu’il exprime.
Pour cela, il est possible d’être guidé par une méthode particulière propre à la communication « non violente » en quatre temps clés :
- . Il s’agit d’observer la situation pour identifier ce qui a participé à diminuer notre sentiment de bien-être. Il est important de se centrer sur les faits afin de ne pas faire d’évaluation teintée de subjectivité.
Exemple : une réunion importante est organisée dans le cadre d’une conduite de projet dans une clinique, pilotée par le directeur adjoint nommé Paul. La réunion a lieu dans 3 jours et les acteurs principaux de l’équipe sont appelés à y assister par réception d’un mail, dont Gabriel, chef du service concerné. Néanmoins, il a répondu qu’il ne pourrait pas assister à la réunion. Paul est donc très insatisfait et déterminé à faire en sorte que Gabriel soit présent.
En se plaçant du côté du directeur adjoint, son observation pourrait être formulée de cette manière : « J’ai envoyé une invitation pour la prochaine réunion de projet à tous les membres de l’équipe, j’ai vu que tu n’y seras pas présent. ».
- SENTIMENTS. Comment est-ce que nous nous sentons dans cette situation ? Pour pouvoir exprimer ce qui se passe en nous, il est utile d’être conscient de nos ressentis. L’emploi de mots à valeur affective et précis est préférable à l’emploi de termes plus généraux tels que « je ne me sens pas bien » qui pourrait être exprimer plus précisément par « ceci me déçoit ».
Exemple : Si nous reprenons la situation de Paul, en employant la méthode pour exprimer ses sentiments, il pourrait dire « Je suis déçu car tu as beaucoup contribué à la construction du projet, et ta présence nous ferait avancer plus rapidement ».
- BESOINS. Ils sont étroitement liés à nos sentiments. Lorsque nos besoins sont satisfaits, nos sentiments sont plus agréables. A l’inverse, un sentiment désagréable cache un besoin insatisfait. Nos sentiments nous informent sur ce dont nous avons besoin. La communication « non violente » suggère de faire précéder notre besoin de « parce que », pour fournir une explication claire de ce qui nous anime, sans faire d’accusation.
Exemple : Paul, qui est alors déçu, peut justifier son besoin comme suit : « parce que j’ai besoin d’être rassuré quant à l’atteinte de l’objectif avant la date que nous nous sommes fixées. ».
- DEMANDE. Ce quatrième temps consiste à formuler des demandes claires qui portent sur des actions que nous aimerions que l’autre réalise pour contribuer à nous sentir mieux. Demander tout en laissant à l’autre la volonté d’y répondre et préserver le plaisir de donner, au contraire d’une exigence qui contraint. Il est suggéré, à cette étape, de formuler ce que nous voulons plutôt que ce que nous ne voulons pas, à travers un langage positif.
Exemple : La demande d’action concrète que Paul pourrait demander à Gabriel pour répondre à son besoin d’être rassuré pourrait être formulée de plusieurs manières : « Pourrais-tu réfléchir à un moyen d’apporter ta contribution lors de la réunion ? », « Pourrions-nous voir ensemble ce qui t’empêche d’être disponible à ce moment-là ? ».
Ces quatre étapes constituent une aide potentielle dans les situations qui nous paraissent délicates. Tout en l’intégrant dans notre manière habituelle de communiquer, la méthode constitue une clé pour formuler autrement ce que nous avons à dire, ainsi que pour recevoir ce qui nous est communiqué, tout en restant sincère et authentique.
En synthèse ? Bien que la communication soit omniprésente dans notre quotidien, elle n’assure pas automatiquement une compréhension mutuelle de chacun. Investir un peu de temps pour développer ses compétences en matière de communication peut s’avérer fort utile. A titre d’exemple dans cet article, progresser en matière de communication dite « non violente » permet de favoriser plus de sérénité dans toutes situations au cours desquelles nous avons besoin de nous exprimer. Elle est aussi une clé de résolution lorsque nous sommes confrontés à des différends, voire à des situations de conflits.
Références citées dans l’article :
d’Ansembourg, T., & Nouailhat, A. (2014). Cessez d’être gentil, soyez vrai!. Les Éditions de l’homme.
Faure, J. P., & Girardet, C. (2003). L’empathie, le pouvoir de l’accueil : au cœur de la communication non violente. Jouvence Editions.
Marshall, R. (2018). La Communication Non Violente au quotidien. Jouvence Editions. Watzlawick, P. Helmick J. (1979). Une logique de la communication. Paris, Le livre de poche, 280 p