Face à un contexte de crise qui engendre du stress, de l’anxiété et une perte de sens, capitaliser sur nos forces est un moyen d’y faire face. Encore faut-il les connaître et les reconnaître. A partir d’un accompagnement, l’identification, le développement et l’utilisation des forces des collaborateurs permettront de tendre vers une optimisation de la performance, de (re)donner du sens au travail et d’améliorer le bien-être. Nous vous proposons quelques outils en ce sens dans l’article ci-après.
Nous sommes dans un monde dit VICA : Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu. Cela implique, pour nous, de devoir nous adapter en permanence, en décristallisant des schémas de pensée, des habitudes de comportement pour en créer et concevoir d’autres. En effet, cette dynamique, conscientisée ou non, nous permet de garder notre activité optimale sur la durée dans n’importe quel domaine. Mais ces efforts de changements provoquent du stress, de l’incertitude et nous mettent en position d’inconfort. Cependant « une période de grande incertitude est une période de risque, mais aussi une période où les opportunités sont maximales, alors qu’elles sont minimales dans une période où tout est figé » (Staunes, J. (2021)).
Le contexte de pandémie mondiale avec la Covid-19 et ses variants a induit du stress et un taux d’anxiété élevé. Selon COVIPREV (vague 27) :
- 15 % des Français montrent des signes d’un état dépressif
- 23 % des Français montrent des signes d’un état anxieux
Cette mise en lumière de la dégradation de la santé mentale nous invite à remettre en cause nos ressources et les différents modèles de travail propres à chaque domaine en lien avec la réussite et la performance.
Dans ce nouvel environnement, comment nous remobiliser afin de saisir les nouvelles opportunités qui s’offrent à nous ? Quels seraient les pistes pour nous guider vers le chemin de la performance (individuelle et collective) et le mieux-être ? A travers cet article, nous souhaitons vous proposer un aspect de la psychologie positive par la définition des forces de caractères.
La psychologie positive, définie comme « l’étude scientifique du fonctionnement humain optimal et qui a comme objectif de découvrir et promouvoir les facteurs qui permettent aux individus, aux organisations et aux institutions de réaliser pleinement leurs potentiels de développement »[1] , apporte une nouvelle équation de la réussite et de la performance.
Son approche permet de passer de l’équation initiale qui est que le succès apporte du bien-être, de l’épanouissement chez les collaborateurs, à une autre équation, qui explique que c’est le bien-être qui permet de tendre vers la réussite et la performance et non l’inverse.
La crise sanitaire a pu souligner et amplifier les difficultés que peuvent rencontrer les travailleurs comme la perte de sens, le sentiment d’être isolé de l’effort collectif, des conflits de valeurs. En somme, elle a participé à la dégradation du sentiment de bien-être, une perte de confiance en soi et un sentiment de cohésion de groupe affaibli.
Ainsi il nous faut puiser dans nos ressources personnelles comme collectives pour trouver nos leviers d’action et s’adapter à ce nouvel environnement.
Mais comment ?
La psychologie positive nous apporte une nouvelle manière d’aborder et de penser sur la façon de nous appuyer sur nos forces, nos succès et nos satisfactions individuelles et collectives. Elle nous amène, dans notre approche intégrative, à penser et travailler autour de la relation entre les émotions positives et la performance c’est-à-dire autour du comportement organisationnel positif. Pour cela, nous avons comme moyen de développement, le Psycap (pour en savoir plus sur le Psycap : https://ekilibre-conseil.com/fr/oser-lopsymisme-face-au-stress/) et les forces de caractère.
Les forces de caractères
La psychologie positive renverse notre schéma de pensée qui est de tenter d’affaiblir nos faiblesses en un autre qui est celui de renforcer nos points forts. Le fait d’identifier nos points forts nous permet de nous reconnecter vers nos ressources positives. Cela permet de revenir sur le socle sur lequel nous avons construit et de développer notre confiance en soi. Ce qui est intéressant avec les forces de caractère, c’est qu’elles sont présentes en chacun de nous. Nous pouvons citer Park et Peterson qui évoquent l’idée que « tout le monde a des « forces signatures » indépendamment de sa position par rapport aux autres »[2]
Mais qu’est-ce qu’une force ?
“Une force est une capacité préexistante consistant en une manière particulière de se comporter, de réfléchir ou de ressentir, qui est authentique et énergisante pour l’utilisateur et permet le fonctionnement optimal, le développement et la performance”[3]
Elle contribue à l’épanouissement des individus, à être moralement valorisée pour elle-même et pour les bienfaits qui en découlent. Elle ne fait pas de l’ombre aux autres membres de la communauté et ne suscite pas de jalousie mais de l’admiration. Elle constitue à sa façon une sorte de « trait de personnalité » mais n’en est pas un ! En effet, un trait de personnalité est une tendance à se comporter et à percevoir la réalité, qui reste dans le temps et qui ressort selon la situation sans forcément se diriger vers un fonctionnement optimal.
Les forces sont mesurables et mesurées, identifiables. Elles ne sont jamais toutes présentes chez une même personne à un moment T et dans un contexte particulier.
Seligman et C. Peterson (2004) ont établi une classification des 24 forces de caractères regroupées en 6 catégories/vertus :
| Sagesse et connaissance | Tempérance | Justice | Courage | Transcendance | Humanité |
|---|---|---|---|---|---|
|
▪Créativité ▪Curiosité ▪Amour de l’apprentissage ▪Ouverture d’esprit ▪Perspective |
▪Pardon ▪Humilité ▪Prudence |
▪Civilité ▪Equité ▪Leadership |
▪Courage ▪Persévérance ▪Intégrité ▪Vitalité |
▪Appréciation de la beauté ▪Gratitude ▪Espoir ▪Humour ▪Spiritualité |
▪Amour ▪Gentillesse ▪Intelligence sociale |
Pour mesurer nos forces, nous avons un outil en ligne nommé « la classification VIA des forces et des vertus » (VIA Character Strength), qui reprend les travaux de Peterson et de Seligman. Le test bénéficie de révisions nombreuses et régulières et présente une validité et une fiabilité scientifique.
Ainsi à la fin de la passation, une classification est établie. Son utilisation peut servir à :
- (Re)donner du sens à sa vie, privée comme professionnelle.
- Renforcer la capacité à s’adapter à un nouvel environnement, en l’occurrence ici, un environnement lié à la crise sanitaire.
- Générer également de l’optimisme, une plus grande confiance et estime de soi, un renfort de la vitalité et un développement de la résilience.
- Prendre conscience de ses forces principales pour se diriger vers une optimisation de la productivité (dans la vie professionnelle, mais également personnelle).
Le fait de connaître ses forces et ceux de ses collaborateurs peut permettre par exemple une attribution plus adéquate et optimale des différentes tâches et missions au sein de l’équipe. Le travail pourrait résider dans l’optimisation du rôle d’un collaborateur qui pourrait permettre d’activer ses forces quotidiennement. Par exemple, un commercial de formation et travaillant en back-office, dont la force principale est la « bonté, gentillesse » et qui exprime au travers de ses propos de l’intérêt pour les liens sociaux, pourrait être en phase avec des missions d’accompagnement. Ainsi, il appliquerait sa force principale plus régulièrement au front-office en accompagnant les clients qu’en étant en back-office De là, un fonctionnement optimal pourrait en découler individuellement et participerait à l’optimisation de la performance collective.
Selon l’étude menée par Gallup en 2015, la connaissance et l’utilisation quotidienne des forces permet aux individus d’être 6 fois plus impliqués dans leur travail. Les équipes qui s’appuient sur leurs forces sont 12,5% plus productives et celles qui reçoivent un feedback sur leurs forces augmentent leur profit de 8,9%.
D’autres études (Corporate Leadership Council, 2011) ont été menées sur plus de 300 000 employés et ont permis de montrer que les travailleurs qui utilisent leurs principales forces quotidiennement sont 38% plus performants. Ceux qui restent focalisés sur leurs faiblesses perdent 27% de performance. Il a été démontré que 44% des individus qui utilisent leurs forces chaque jour présentent une loyauté accrue envers leur employeur (Harter & al., 2002).
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Vous souhaitez être accompagnés pour identifier et utiliser vos forces ou celles de vos équipes ? Contactez-nous (www.ekilibre-conseil.com/contact) !
« Utiliser ses forces est la plus petite chose que l’on peut faire pour faire la plus grande différence »
Alex Linley
Sources
Gallup. (2015). The Relationship between Strenghts-Based Employee Development and Organizational Outcomes: 2015 Streangts Meta-Analysis. https://www.gallup.com/
Harter, et al. (2002) Wellbeing in the Workplace and Its Relationship to Business Outcomes
Linley, A. (2008). Average to A: Realising strengths in yourself and others. Coventry: CAPP Press.
Niemiec, R.M. & McGrath, R.E. (2019). The power of character strengths: Appreciate and ignite your positive personality. Cincinnati, OH: VIA Institute on Character.
Peterson, C. & Park, N. (2011). Forces de caractère et vertus : leur classification et leur évaluation. In C. Martin-Krumm & C. Tarquinio (Eds.), Traité de Psychologie positive. Bruxelles: De Boeck
Peterson, C., & Seligman, M. E. P. (2004). Character strengths and virtues: A handbook and classification. American Psychological Association ; Oxford University Press
Staune, J. (2021). La grande mutation. Editions Diateino.
