loader image

Comment réagir si mon collègue présente des signes de conduites suicidaires ?

Ecrit par Louise PEREIRA

Les conduites suicidaires constituent un problème majeur de santé publique. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé[1], plus de 700 000 personnes se suicident dans le monde chaque année, dont environ 9 000 en France. Cela représente 685 tentatives de suicide et 25 morts chaque jour.[2]

La crise sanitaire a amplifié certains facteurs de risque comme notamment la perte de son emploi, un stress associé à des enjeux économiques et financiers, un isolement social, voire certaines pathologies telles que la dépression.

Les conduites suicidaires concernent tout le monde, peu importe le métier, l’âge, la classe sociale, le genre, la nationalité, etc. Le suicide, c’est avant tout vouloir arrêter de souffrir. Un suicide n’est pas imprévu, il existe plusieurs facteurs de risque et plusieurs manifestations auxquelles il faut être sensibles pour pouvoir le détecter. Ces signes peuvent être exprimés autant dans la sphère privée que professionnelle et c’est pourquoi il est important que nous soyons tous conscients de ces signes pour apprendre à les détecter et à prévenir les conduites suicidaires.

Si je suis face à un collègue en souffrance, que puis-je faire ?

Vous avez le sentiment qu’un de vos collègues est en souffrance ? Il peut dire des phrases qui vous inquiètent et vous questionnent sur un potentiel passage à l’acte ?

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas un professionnel de la santé mentale que vous n’avez aucun levier d’action. L’écoute bienveillante constitue un puissant levier d’action que vous pouvez utiliser.

Votre objectif premier n’est pas de prendre en charge la souffrance, mais de briser l’isolement.

Suivez la procédure « Question, Persuade, Refer » :

Question : Questionnez votre collègue sur ce qu’il vit, ses émotions « comment vas-tu ? ». S’il exprime une souffrance, demandez-lui s’il pense au suicide, s’il prend un traitement médicamenteux, s’il est suivi par un professionnel de santé.

Nous pouvons penser qu’aborder de nous-même la question du suicide peut être délétère pour l’autre, mais en réalité, c’est tout le contraire. Ce n’est pas parce que vous en parlez que vous ferez de l’autre une personne suicidaire, vous lui donnez au contraire un espace de parole pour exprimer ses émotions, sa douleur, sa souffrance.

Manifestez votre inquiétude auprès de lui. Vous pouvez lui dire que vous avez remarqué des changements d’humeurs, de comportements, que vous êtes préoccupé.e par son état de santé.

Persuade : Le schéma de la crise suicidaire est :

Une situation de stress -> une recherche active de solutions -> l’idée du suicide apparaît comme une solution -> le suicide comme solution prend de plus en plus de place -> idées suicidaires amenant l’élaboration d’un plan pour le passage à l’acte -> le suicide apparaît comme l’unique solution pour faire face à la souffrance.

Aussi, plutôt qu’essayer de convaincre votre collègue que le suicide n’est pas une solution, persuadez-le de rechercher de l’aide, ne pas rester isolé dans sa situation. Souvent, les individus pensent qu’être aidé est un synonyme de faiblesse, or demander de l’aide est un témoignage de force.

Validez sa souffrance, posez-lui des questions pour comprendre sa situation. Ainsi, vous lui faites comprendre que vous vous préoccupez de son état, qu’il n’est pas seul.

Refer : Enfin, orientez-le vers des professionnels de santé. Si vous estimez que le danger est imminent, ne le laissez pas seul. Appelez le SAMU, demandez de l’aide autour de vous (médecin du travail, service RH, responsable hiérarchique, etc.).

Comment savoir si le danger est imminent ?

Bien que les conduites suicidaires soient multifactorielles, un évènement douloureux peut précipiter un passage à l’acte : isolement, rejet, difficultés familiales et/ou conjugales, problèmes professionnels, problèmes financiers, soucis de santé, etc. Toutefois, si vous avez le moindre doute concernant une personne, cela doit vous amener à solliciter de l’aide.

L’urgence de la situation peut être notamment définie selon le niveau d’avancée du scénario suicidaire et la temporalité associée. Si le scénario est précis, et la réalisation proche, le niveau d’urgence sera élevé. N’oubliez pas qu’une personne peut avoir plusieurs scenarii en tête.

La dangerosité est associée d’une part à l’accessibilité aux moyens envisagés et d’autre part à leur potentiel létal. Ainsi, si une personne prévoit de se donner la mort avec une arme, mais n’y a pas accès, le niveau de dangerosité se voit diminué.  

Lorsqu’une personne a un plan organisé dans sa tête, elle peut paraitre plus sereine, aller mieux, être moins stressée, anxieuse. Elle peut aussi se confier plus facilement et dire plusieurs phrases du type « ça va bientôt s’arranger », « je vais moins vous embêter », « vous n’aurez plus à vous préoccuper pour moi ». Il est primordial d’y être attentif, de savoir entendre ces phrases et comprendre ce qu’elles signifient. Vous pouvez par exemple répondre « qu’est-ce qui a changé dans ta vie ? ».

Conclusion

Quand vous interrogez une personne, qu’elle se dise suicidaire ou non, gardez en tête que l’empathie et la manifestation d’un intérêt pour l’autre sont primordiales pour favoriser chez l’autre l’expression de sa souffrance et commencer à briser son isolement.

Si des facteurs de risque ont été identifiés, des facteurs de protection existent également comme le soutien social, la résilience, ou encore la spiritualité.

N’ayez pas peur d’aborder vous-même la question du suicide afin d’ouvrir un espace de parole libre à la personne en face de vous.

Enfin, soyez conscient de votre capacité à prendre de la hauteur afin de calibrer votre niveau d’intervention auprès d’une personne exprimant être dans une grande souffrance psychique.

Bibliographie

Klonsky, E. David; May, Alexis M.; Saffer, Boaz Y. (2016). Suicide, Suicide Attempts, and Suicidal Ideation. Annual Review of Clinical Psychology, 12(1), annurev-clinpsy-021815-093204–. doi:10.1146/annurev-clinpsy-021815-093204

López Castroman, J. (2020). Suicide et société. FunMooc. https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:umontpellier+08010+archiveouvert/courseware/3b5d0b2d7dcf4af78d1749e4e4483991/6e1fbf1741b74234b49751c3aeafe5f3/

López Castroman, J. (2020). Dépistage des situations à risque. FunMooc. https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:umontpellier+08010+archiveouvert/courseware/31244c1d44a340fda7a7731b337f49bf/6ad1c990c85f4b73b3fa5c012dde0ea8/

Olié, E., et López Castroman, J. (2020). Psycho-épidémiologie des conduites suicidaires. FunMooc. https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:umontpellier+08010+archiveouvert/courseware/3b5d0b2d7dcf4af78d1749e4e4483991/32f3ced43cbc4082a2b262f28efdc064/

Olié, E. (2020). Vulnérabilité suicidaire. FunMooc. https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:umontpellier+08010+archiveouvert/courseware/3b5d0b2d7dcf4af78d1749e4e4483991/a2180930a49e4eaaa7e622bc0d279c8b/

Olié, E. (2020). Evaluation des idées suicidaires et utilisation d’un outil de screening. FunMooc. https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:umontpellier+08010+archiveouvert/courseware/31244c1d44a340fda7a7731b337f49bf/af872840218c47f7923b18b070eb8817/

Terra, J-L. (2020). « Brevet de secourisme psychique » : gestion du risque et de la crise suicidaire. FunMooc. https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:umontpellier+08010+archiveouvert/courseware/31244c1d44a340fda7a7731b337f49bf/9551e387020248809312a52c760cc49f/

Union Nationale Prévention Suicide. (2020). Suicide en France : faits et chiffres. https://www.unps.fr/en-france-_r_13.html

World Health Organization. (2021). Suicide: key facts. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/suicide


[1] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/suicide

[2] https://www.unps.fr/unps_images/visuels/affiche-suicide-france-unps-2020.pdf

Echangez avec notre équipe

Vous souhaitez approfondir le sujet en lien avec cet article au sein de votre entreprise ou de votre équipe.

Demandez à être recontacté·e par nos experts pour échanger sur nos solutions.

Ou appelez-nous 01 53 45 54 21

Echangez avec notre équipe

Vous souhaitez approfondir le sujet en lien avec cet article au sein de votre entreprise ou de votre équipe.

Demandez à être recontacté·e par nos experts pour échanger sur nos solutions.

Ou appelez-nous 01 53 45 54 21

Partagez l'article :

Lorsque vous activez ces champs en cliquant dessus, des informations sont envoyées aux réseaux sociaux correspondants. Pour plus de renseignements, nous vous invitons à consulter notre politique de cookies.

Echangez avec notre équipe

Vous souhaitez approfondir le sujet en lien avec cet article au sein de votre entreprise ou de votre équipe.

Demandez à être recontacté·e par notre équipe pour échanger sur nos solutions.

Ou appelez-nous

01 53 45 54 21

Appelez-nous directement au :

(+33) 01 53 45 54 21

Notre équipe est à votre écoute

Ekilibre traite vos données pour répondre à votre demande. Aucun tiers n’en est destinataire. Vous disposez d’un droit d’accès et de rectification et suppression en écrivant à donnees.personnelles@ekilibre-conseil.com. Pour plus de renseignements, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité.