Si je vous dis que le contexte sanitaire actuel est vecteur de stress, il y a de grandes chances pour que vous ayez déjà pu en faire le constat. Soit par expérience personnelle, soit par observation ou encore à travers les nombreuses informations diffusées sur le sujet. Mais si je vous disais que ce stress est normal ? Que ce qui l’est moins, c’est de se laisser envahir et impacter par un stress devenu chronique, et qu’il existe des outils, des méthodes pour mieux y faire face ?
Les situations potentiellement activatrices de stress sont une réalité et chercher à les supprimer exhaustivement serait utopiste. Une bonne pratique est alors d’identifier les clés pour mieux « vivre » face à ces possibles stresseurs, mieux maîtriser la manière dont la situation pourrait nous impacter.
Alors comment faire ? A travers nos formations Ekilibre Académie, nous partageons de nombreux outils, méthodes opérationnelles pour mieux gérer son stress et ses émotions désagréables. Dans cet article, nous avons souhaité mettre en valeur et partager avec vous quelques principes clés issus de la psychologie positive, à travers le capital psychologique.
Nous aborderons dans un premier temps des premiers éléments pour mieux comprendre ce dont il s’agit exactement quand on parle de stress, puis nous définirons ensemble le capital psychologique et aborderons ses principaux effets bénéfiques.
LE STRESS, UNE REACTION D’ADAPTATION
Le stress peut être définir comme une réaction d’adaptation de l’organisme face à un déséquilibre entre :
- la perception qu’une personne a des contraintes (modifications, exigences ou menaces) que lui impose son environnement
et
- la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face
C’est une fonction de l’être humain pour faire face aux obstacles, changements, menaces auxquels il peut être exposé. Le risque avec le stress, c’est que cette fonction d’adaptation soit stimulée de façon trop intensive (i.e., stress chronique) demandant alors au corps d’être en surrégime et exposant notamment à des risques d’épuisement.
Cette définition met en relief deux éléments fondamentaux. Tout d’abord, le stress est une réaction d’adaptation. Le contexte sanitaire actuel impliquant, entre autres choses, un bon nombre d’incertitudes et de changements nécessitant, de fait, de s’adapter, ressentir un stress ponctuellement peut alors être identifié comme une réaction humaine « normale ». Deuxièmement, la définition partagée fait mention du mot « perception », à la fois des contraintes, mais aussi de nos ressources.
« Ce ne sont pas les évènements qui perturbent les Hommes, mais l’idée qu’ils se font des évènements »
Manuel d’Épictète, 1er siècle après J.C.
Cette observation est une bonne nouvelle ! Subir le stress n’est pas une fatalité, nous pouvons ainsi identifier des leviers pour mieux vivre son exposition face à une situation potentiellement stressante.
LE CAPITAL PSYCHOLOGIQUE (PsyCap)
A l’origine du capital psychologique (PsyCap) se trouve la psychologie positive. Domaine de la psychologie fondée officiellement en 1998 par Martin E. P. Seligman, elle est notamment définie par Shelly Gable et Jonathan Haidt (2005) comme étant « l’étude des conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des personnes, des groupes et des institutions ». Ce courant scientifique apporte alors de nombreux éclairages sur les facteurs de bien-être et de développement du potentiel des individus, des groupes et des organisations. Plutôt qu’une analyse exclusivement focalisée sur les déficits et les dysfonctionnements, inscrite dans une logique d’approche par les manques, il est ici question de pouvoir identifier chez les individus et les organisations les ressources et les forces.
C’est dans cette dynamique que Luthans et ses collaborateurs, en 2007, caractérisent le PsyCap à travers quatre composantes facilement mémorisables par leur acronyme OSER : Optimisme, Sentiment d’auto-efficacité, Espoir et Résilience. Le PsyCap peut changer avec le temps (Avey, Luthans, Smith & Palmer (2010)), être mesurable (Luthans et al., 2007) et est susceptible d’être développé et amélioré par des interventions (Lupșa, Vîrga, Maricuțoiu & Rusu, 2019). De plus, précisons que si chacune de ces composantes est importante individuellement, c’est leur action synergique qui caractérise le plus la force du PsyCap.
Développer son capital psychologique, c’est donc développer :
- L’OPTIMISME : Hirsch et ses collaborateurs, en 2007, définissent l’optimisme comme étant « un état d’esprit ou une attitude généralement positive envers le futur et une tendance à anticiper des résultats favorables, des situations de vie ». L’optimisme doit bien sûr être calibré à chaque situation pour ne pas tomber dans l’excès.
Un exemple pour le développer ? Visualisez les difficultés comme des opportunités, des challenges qui vous entraînent dans de l’amélioration continue. Concentrez-vous sur vos forces, votre valeur ajoutée et vos réussites.
- LE SENTIMENT D’AUTO-EFFICACITE : C’est la confiance en vous, la conviction que vous avez les capacités nécessaires pour faire face à une situation donnée, et que vous saurez les mobiliser. (Il s’agit donc de la « perception de nos propres ressources »… cela vous rappelle-t-il un élément de la définition du stress ?).
Un exemple pour le développer ? En prenant notamment davantage conscience de ses réussites antérieures personnelles. Formuler des feedbacks positifs accompagne fortement le développement de cette composante chez l’interlocuteur, qui pourra s’appuyer sur ce retour bienveillant. Pour en savoir plus sur le feedback : https://ekilibre-conseil.com/fr/comprendre-les-enjeux-du-feedback-et-bien-le-formuler/. A titre personnel, faites régulièrement le point sur ce que vous avez réussi, ce dont vous êtes satisfait dans votre travail pour en favoriser la prise de conscience. Encouragez-vous : YES YOU CAN !
- L’ESPOIR : Mécanisme de pensée permettant de diriger son énergie vers un objectif, et d’identifier les chemins poury parvenir.
Un exemple pour le développer ? Par exemple en vous fixant des objectifs SMART (Cf. infographie Ekilibre : https://ekilibre-conseil.com/fr/vos-objectifs-de-progres-sont-ils-clairement-definis/), mais aussi en planifiant votre travail dans une stratégie des « petits pas », tout en identifiant des chemins alternatifs.
- LA RESILIENCE : C’est notre capacité à résister, à nous relever et à faire preuve d’agilité, d’adaptation pour atteindre les buts que nous nous étions fixés en cas de difficulté.
Un exemple pour la développer ? Face à une difficulté, à un risque, un imprévu, pensez dans un premier temps à respirer, par exemple en faisant de la cohérence cardiaque, et à prendre du recul sur la situation. Prenez le temps d’identifier ce qui s’est passé factuellement, ce que vous avez ressenti, ce que vous avez fait et enfin ce que vous avez appris de cette situation (cf. méthode SPARC). Ainsi, vous développerez par la même occasion votre flexibilité mentale.
MAIS EST-CE QUE CA MARCHE ? (Oui.)
Les effets positifs du PsyCap sont nombreux et ont fait l’objet de recherches scientifiques rigoureuses. Nous aborderons dans cette partie les principaux résultats.
Les effets intéressants concernent la réduction du stress et de l’anxiété mais pas seulement.
Des impacts positifs ont été observés à travers différentes études, sur la santé physique, notamment sur le taux de cholestérol, et psychologique sur le taux de satisfaction de la santé (Luthans et al., 2013), ou encore sur des symptômes de dépression (Shen et al., 2014).
Ensuite, plus spécifique au monde du travail, Avey et ses collaborateurs en 2011 partagent dans une méta-analyse que le capital psychologique a un impact positif sur :
- la performance des employés
- la satisfaction au travail
- l’engagement organisationnel
- le bien-être psychologique
- et serait vecteur de comportements d’aide entre collègues
On y trouve également des résultats observants que le capital psychologique a un effet bénéfique sur des comportements non souhaités tels que le cynisme ou l’intention de quitter son emploi.
EN RESUME ? Le stress est une réalité, et nous devons parfois y faire face en vue de nous adapter aux situations du quotidien, particulièrement en cette période particulière. Mais si les situations potentiellement sources de stress peuvent difficilement être évitées, agir sur sa manière de les vivre est bien possible. Entre autres méthodes, le capital psychologique issue de la psychologie positive, nous apporte quatre clés pour mieux faire face au contexte. Alors O.S.E.R. développer votre capital psychologique :
- Visualisez l’atteinte de vos objectifs avec positivité. (Optimisme)
- Prenez conscience de vos forces et réussites personnelles, pour vous sentir plus à même de faire face à la situation (Sentiment d’auto-efficacité)
- Mobilisez votre énergie et planifiez votre journée, vers l’atteinte d’un objectif bien défini (Espoir)
- En cas de difficulté, analysez la situation, envisagez d’autres solutions et adaptez-vous dans une dynamique d’amélioration continue (Résilience)
Développer votre capital psychologique ou celui de vos équipes peut être facilité et accompagné par notre organisme de formation certifié Qualiopi : Ekilibre Académie. Vous avez un projet de formation ? Contactez-nous (https://ekilibre-conseil.com/fr/accueil/contact/) !
Principales références citées :
Avey, J. B., Luthans, F., Smith, R. M., & Palmer, N. F. (2010). Impact of positive psychological capital on employee well-being over time. Journal of occupational health psychology, 15(1), 17.
Avey, J. B., Reichard, R. J., Luthans, F., & Mhatre, K. H. (2011). Meta‐analysis of the impact of positive psychological capital on employee attitudes, behaviors, and performance. Human resource development quarterly, 22(2), 127-152.
Gable, S. L., & Haidt, J. (2005). What (and why) is positive psychology?. Review of general psychology, 9(2), 103-110.
Hirsch, J. K., Wolford, K., LaLonde, S. M., Brunk, L., & Morris, A. P. (2007). Dispositional optimism as a moderator of the relationship between negative life events and suicide ideation and attempts. Cognitive Therapy and Research, 31(4), 533-546.
Lupșa, D., Vîrga, D., Maricuțoiu, L. P., & Rusu, A. (2020). Increasing psychological capital: A pre‐registered meta‐analysis of controlled interventions. Applied Psychology, 69(4), 1506-1556.
Luthans, F., Avolio, B. J., Avey, J. B., & Norman, S. M. (2007). Positive psychological capital: Measurement and relationship with performance and satisfaction. Personnel psychology, 60(3), 541-572.
Luthans, F., Youssef, C. M., Sweetman, D. S., & Harms, P. D. (2013). Meeting the leadership challenge of employee well-being through relationship PsyCap and health PsyCap. Journal of leadership & organizational studies, 20(1), 118-133.
Seligman, M. (1998). Learned optimism, New York, Pocket Books, 336 p.
Shen, X., Yang, Y. L., Wang, Y., Liu, L., Wang, S., & Wang, L. (2014). The association between occupational stress and depressive symptoms and the mediating role of psychological capital among Chinese university teachers: a cross-sectional study. BMC psychiatry, 14(1), 329.